courageux

Je me sentais enfin prêt.
J’avais affronté toute sorte de créatures : escargots carnassiers, champignons tueurs, grenouilles aveugles… J’avais survécu à la furie de terribles guerriers Zarfek, Cléa, Vorach… J’avais croisé la route de nobles combattants de Zelandra : Morkhai, Valesk, Prenoo, Jball… Mais surtout j’avais trouvé une guilde, une confrérie, une assemblée, une famille. Ma rencontre avec Melgath m’avait redonné confiance. Il avait su rallumer la flamme du combat. L’accueil des membres de la Garde de Zelandra m’avait fait comprendre que j’avais trouvé là de fidèles et de puissants alliés.
J’étais donc prêt, prêt à sortir des dépotoirs de Cyrosch, prêt à sortir de mon cocon, à affronter le monde extérieur… Depuis quelque temps je sentais que tout le travail et l’entraînement accumulés avaient payé… J’étais prêt à me rendre à la tristement célèbre Mérulik : cité de tous les possibles, du pire comme du meilleur. On disait qu’il y traînait les plus vils voleurs d’Alidhan, les pires assassins, mais aussi les plus puissants soigneurs et surtout les plus vaillants guerriers de Zelandra.
Je pouvais être maintenant des leurs, l’expérience acquise me suffirait à survivre dans cette cité. Avant cela, je devais me retrouver moi-même, seul avec la nature, seul avec la puissance des éléments.
Un orage se préparait…

Je sortis du château de la Garde de Zelandra pour rejoindre mon repaire de la forêt enchantée. Le temps s’assombrissait, les volets claquaient, des gouttes d’eau commencèrent à tomber. Quand je franchis les portes de cyrosch, plus personne ne traînait dehors. Je prie mon temps pour rejoindre la forêt. Je profitais de l’éveil de la nature. De telles forces nous dépassaient simplement, elles ignoraient nos pauvres conflits, nos pauvres ambitions…

Quand enfin, j’atteins mon repaire, un éclair déchira l’horizon. Peu de temps après le puissant bruit du tonnerre fit fuir tous les animaux environnants. Je quittai mes vêtements et couvraient mon corps des plus beaux tatouages que j’avais appris à réaliser. L’Eclair surgit de nouveau et plus rapidement encore vint le bruit du tonnerre. L’orage s’approchait, la pluie doublait d’intensité. Tout mon corps était recouvert de symboles sanctifiant les pouvoirs des énergies naturelles. J’étais fin prêt. La foudre également.

Un terrible éclair venu des cieux frappa la forêt et le vacarme fut tel que je ne perçus plus aucun autre bruit… Puis un nouvel éclair, et un autre et encore un autre jusqu’à n’en plus finir. Au coeur de l’orage je sentais monter en moi la puissance, la pluie balayait mon visage, le vent claquait sur mon corps, et je recevais, je recevais la toute puissance du seul Dieu qui existe : la Nature. J’accueillais en moi ses forces, je les laissais me traverser, j’essayais de ne faire qu’un avec elle, de laisser passer sur moi ses énergies. Elles me pénétraient et m’emplissaient de leur force. L’orage dura plusieurs heures.
J’eus tout le temps de profiter de ce terrible événement, symbole de la puissance démesurée des cieux. Je pus aussi réfléchir. Mes récentes rencontres m’avaient fait comprendre qu’on ne peut avancer seul sur le monde d’Alidhan, qu’on ne peut arriver à rien. Il fallait se trouver des alliés et des amis. Ceux que j’avais rencontré auprès de la Garde m’avait fait comprendre cela, et je les suivrais coûte que coûte… Sans eux, je ne serais plus rien.
Mais avant tout je devais leur prouver ma vaillance. L’orage s’estompa. Je prie la route de Mérulik rempli de cette énergie et assuré de mes convictions.

Après la forêt se trouvait un agréable étang ou je m’arrêtai quelques instants pour boire. S’en suivi une longue marche dans de grandes plaines vertes. Puis en avançant vers le nord je crus reconnaître les vestiges d’une ancienne cité. La nuit tombait. Je décidai de m’arrêter là pour dormir. Il me fallait être en pleine forme pour rejoindre Mérulik.

Dormir dans les ruines d’une ancienne cité n’est pas vraiment recommandé. Peu après m’être endormi, d’étranges bruits me tirèrent de mon sommeil. Ce que je vis me surprit plus que ne m’effraya. Une poignée de fantômes me faisait face. Ils étaient livides, transparents, seules leurs mâchoires ressortaient. Visiblement ils souhaitaient me faire rejoindre leur monde de morts. Je n’y étais pas prêt.
Les longues heures d’entraînement et les précieux conseils de mes maîtres se firent sentir. Je me battais habilement, et je viens à bout de ces monstres sans trop de tourments. Ce qui m’attendait ensuite n’allait pas être du même acabit.

Alors que je ramassais les derniers restes de ces créatures, j’entendis des bruits de pas derrière moi. Un guerrier du Cartel s’approchait. Plus tard j’appris qu’il se nommait Kamui et surtout qu’il était beaucoup plus fort que moi. Sur le moment je me sentais capable de l’affronter. Je décidai de le charger aussitôt. Il esquiva aisément mon coup et me porta un terrible coup d’épée qui me déchira le corps du cou au genou.
Un seul coup et j’avais été vaincu. Une pauvre malheureuse attaque. Il ne daigna même pas me regarder, ni me parler, j’étais insignifiant pour lui, aussi facile à trancher qu’une feuille d’automne. Il me laissa là, presque mort, sans autres formes de procès.
Mon sang coulait par flaques entières, j’agonisais, je sentais la vie me quitter. Quand, enfin je crus définitivement rejoindre le monde des fantômes, je sentis la force de ma plus fidèle alliée : la pluie. D’abord quelques gouttes, puis des torrents de pluie déferlèrent de nouveau cette nuit là. Je me sentais revivre. Je me relevais péniblement. J’avais besoin d’être soigné, je décidai donc de rejoindre cyrosch.
J’avais été présomptueux, inconscient, fou. Je me croyais vaillant guerrier, je n’étais qu’un pauvre servant. Je pensais manier finement la lame, je n’étais qu’un joueur de bâton… Je n’avais pas su prouver ma vaillance au combat. Néanmoins j’avais survécu. Au pire pensais-je alors… Mais rien n’aurait pu me préparer à ce qui se tramait à cyrosch.

Je compris très vite ce qui se passait. Le château de la Garde était en flamme. Melgath et les siens avaient rejoints les Royalistes, pour des raisons qui m’échappaient. J’étais perdu. Je m’étais promis de les suivre partout. Ma guilde, ma confrérie, mon assemblée, ma famille, mes amis…